David Lütolf - solutions

Ukraine: Mais que fait la police?

(2006-10-27) Dans le trolley pour aller visiter la chambre où je vais habiter durant quelques temps, un pickpocket m'a pris mon porte-monnaie. J'étais trop occupé à discuter avec Denis dans le véhicule bondé, à me faire balloter de tous côtés par les mouvements du bus et des passagers qui entraient et sortaient à chaque arrêt pour m'apercevoir qu'une main balladeuse vidait ma poche. Dans cette dernière, un porte-feuille acheté à Dour quelques semaines auparavant mais déjà réparé au gaffer, merveilleuse matière qui m'a souvent rendu de très précieux services. Dans le porte-feuille, environ 500grn (100$), le provisoire moto, la carte grise, la postcard et la carte de codes pour accéder à mon compte sur internet. Pas très malin d'avoir tout ça ensemble, je l'admets. Avec le temps, on apprend que parfois c'est mieux de se compliquer un peu la vie pour se prémunir de ce genre de problèmes.

Pour la postcard et la carte de codes, pas trop de soucis vu qu'il faut un nip et un mot de passe pour les utiliser. Il me faudra juste trouver un moyen de retirer du liquide dans les jours qui viennent. Le permis et la carte grise ne sont pas trop d'utilité pour le voleur non plus mais il faut les remplacer, et pour ceci j'ai besoin d'une déclaration de vol faite à la police. En route pour le commissariat donc, heureusement accompagné de Denis.

La première visite a été du temps perdu, après une heure d'attente on apprend que tous les inspecteurs sont de sortie et personne n'est en mesure de prendre ma déposition. Nous reviendrons donc plus tard. L'occasion quand même d'apprendre quelques trucs marrants sur la maison, comme le parking reservé aux agents mais ces derniers n'ayant souvent pas de voiture, la place est occupée par leurs soeurs, mères et relations qui sont un peu perdues dans cet univers et ne savent jamais vraiment où elles ont le droit d'aller.

Plus tard, nous revenons. Toujours pas d'inspecteur, ce dernier vient de sortir faire quelques courses. Quand il revient, on l'accompagne au premier, dans un bureau qui n'a rien de très spécial.. la bâtiment est assez vieux, mais on pourrait se croire en Suisse. Quelques posters sur les murs laissent à penser que le flic ukrainien a les mêmes centres d'interrêt que son homologue helvétique. Procès-verbal à la main sur une feuille blanche, Denis est officiellement cité comme traducteur. Je ne reçois pas d'attestation ni de document, il faut d'abord que le cas soit transféré à un détective. Bien, nous reviendrons.

Pendant ce temps, à Vera Cruz..
En fait non, toujours Kiev et pas vraiment au même instant.. je n'ai bien sûr pas de papiers valables pour rouler en moto, n'empêche que par moments c'est un moyen de transport très pratique pour circuler, surtout quand on compte rentrer après le dernier metro. Après avoir cherché Masha (qui devait à la base m'apprendre l'Ukrainien), elle me propose d'aller sur un promontoire duquel on peut jouir d'une belle vue et nous décidons de nous y rendre. Chemin faisant, juste après avoir passé un feu (qui était au vert), un policier fait un signe timide qui pourrait m'être destiné. Je le regarde, il ne bronche pas et je continue ma route le plus tranquillement du monde. Plus loin, un autre agent - appelons-le Yuri - alerté par le précédent d'un dangereux figitif en moto et probablement récidiviste de je ne sais quel crime, l'air très tendu par la nouvelle et décidé à me frapper avec sa besace si je ne m'arrête pas, me bloque la route. Cette fois-ci c'est clair, c'est pour moi. Je m'arrête, il bondit sur ma moto pour m'enlever la clé du contact. Après l'avoir regardé quelques instants se démener avec la sangle de mon porte-clés qui s'était emmêlée avec les câbles de freins, je l'empêche de s'emparer de ce qui est à moi mais devant sa détermination je le laisse faire pour éviter qu'il ne s'énerve trop. Il demande bien sûr les papiers, mais je ne peux lui présenter que mon passeport et le visa d'entrée, sur lequel figure heureusement le numéro de plaque de la moto. Quand même pas satisfait de l'explication qu'on lui fournit, il explique à Masha que j'ai brûlé un feu (que le premier flic ne pouvait même pas voir d'où il était), que je devrais payer une ammende mais que mon délit de fuite est un crime grave et que, en l'absence de documents en règle, ils doivent nous emmener au poste et mettre la moto à la fourrière. Un collègue à eux arrive en voiture pour nous emmener, alors que le Yuri suit avec ma moto.. et mon passeport dans sa poche. A moins d'un miracle, je serai bientôt dans une belle merde..

Et le miracle se produisit. Alors que les fonctionnaires rentraient avec une très belle proie et probablement des félicitations de la part de leurs supérieurs en perspective, tout semblait perdu. Eh bien non. En plein carrefour, alors même que je priais pour demander l'impossible, notre chauffeur fait signe à Yuri de se ranger un peu plus loin, nous fait sortir de sa Lada de police et s'en va ; au terme d'un temps assez court mais qui n'a pas du excéder trois minutes, Yuri nous dit que c'est bon et qu'on peut s'en aller, me rend mes clés et mon passeport et s'en va regarder la circulation un peu plus loin.

Mais nous nous égarons! Reprenons notre histoire..
(2006-10-11) Il est temps d'aller récupérer la déclaration faite par la police. Quelques coups de fil plus tard, je sais où je peux aller chercher ledit sésame qui me permettra - peut-être - d'avoir un permis flambant neuf et remplacer le reste des documents volés. Je me rends une fois de plus au comissariat, seul cette fois-ci. J'attend un peu, mais comme on ne trouve pas la déclaration que je cherche on m'emmène dans un bureau dans le bâtiment voisin. Le gentil flic qui s'occupe de moi est bien gentil, mais pas vraiment efficace.. pour trouver l'attestation étable le jour précédent, il cherche à inventer toutes la façons possibles et imaginables d'écrire mon nom en cyrillique, sans succès bien sûr, et évite consciensieusement d'essayer l'orthographe que je lui indique, celui-là même que j'avais donné deux jours auparavant. Heureusement pour moi, sa collègue de bureau vient à ma rescousse et après qu'il m'ait enfin écouté le document est localisé. Sans surprise, celui-ci est rédigé entièrement en ukrainien et comporte de nombreuses fautes, dont l'utilisation alternée des genres féminin et masculin à mon sujet ; je vais donc devoir rendre une visite à mes compatriotes et amis de l'ambassade pour un coup de main. Youpie!

En chemin, je fais une pause au musée de la deuxième guerre mondiale. J'en profite pour vous le recommander, le mémorial aux combattants et le bâtiment lui-même, socle d'une énorme statue munie d'un glaive et d'un bouclier qui trône au-dessus de la ville, sont des monuments à eux seuls. A l'intérieur, la mise en place des nombreux objets récupérés après les batailles laisse imaginer ce que pouvait être la vie dans les différents corps de l'armée durant cette période.

J'arrive à l'ambassade vers 14h45. Il me faut un peu bourriner sur la porte car personne ne répond à la sonette, mais dans les cinq minutes qui suivent j'ai affaire à la même femme qui n'avait pas répondu à mes questions la fois précédente. Aucun problème pour écrire une "traduction" non-officielle de quelques 200 caractères, qui leur prendra tout de même plus de 40 minutes à rédiger (soit environ 10 secondes par touche de clavier en tenant compte du temps nécessaire pour imprimer la feuille - on comprend mieux pourquoi ils sont débordés). Mais ne les embêtons pas plus, je ne veux pas risquer d'avoir leur surmenage sur la conscience.
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Déclaration de la police de Pershek, à Kiyv, qui raconte ce qui s'est passé avec le pickpocket. Ce document est bourré de fautes et change par exemple du genre masculin au feminin pour parler de moi :-)
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Traduction non-officielle des deux documents précédents, faite par l'ambassade de Suisse à Kiyv. Il leur a fallu plus de 40 minutes pour la faire, et elle est fausse.
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