David Lütolf - solutions

Ukraine: Les transports à Kiev

Comme le pneu arrière de ma moto a une fuite après plus de 4000km, qu'un vehicule muni de plaques étrangères n'est jamais aussi bien parqué qu'à l'abri derrière des grilles et que de toute facon je compte bien faire comme la population, je prends souvent les transports publics. Ici également le dépaysement est au rendez-vous. Le ticket pour les trams, métros et trolleys est a 50 kopecks, soit environ 15 centimes. Les véhicules sont tres souvent dans un etat de vétustete assez phenomenal, une épaisse couche de peinture jaune ou blanche recouvre les précédentes, les portes en pannes et bloquées par des moyens divers, les lampes interieures comme les phares hors service. Dans les trams et trolleys, on oblitère le billet acheté auparavant ou auprès du condukteur ; aux heures de pointes on passe la monnaie en avant et on attend que le billet revienne, puis on le repasse pour le faire oblitérer. Quand un tram est en panne, c'est dix ou quinze rames qui attendent que quelqu'un veuille bien prendre une initiative. Quand une équipe de contrôleurs surgit, leurs organiation et technique n'ont rien a voir avec ceux de leurs homologues lausannois et on a aucun mal a leur fausser la politesse après avoir tout de même essayé sans succès de retirer de l'argent au bancomat le plus proche. Toute cette peine n'est d'ailleurs même pas nécessaire, car l'ammende de 10 gr (2.50!) n'a officiellement pas besoin d'être payée si on décide de sortir immédiatement du véhicule. Mais ça, bien sur, personne ne le sait et leurs menaces d'appeler la police ou la milice font donc souvent effet. Dans les marshrut taxis, ces minibus qui sillonnent la ville dans tous les sens possibles, on paye en général en entrant mais parfois le chauffeur compte le nombre de personnes qui entrent et attend la monnaie. Si le total ne joue pas, le chauffeur refuse de partir et attend que la personne fautive sorte du vehicule ou paye ce qu'il doit. On est jamais sûr des horraires ; la pause d'un chauffeur de trolley au terminus peut facilement être interrompue a l'aide de protestations et la venue du dernier vehicule qui peut partir avant minuit ou à 3h du mat est toujours sujette à interrogations. Dans le mauvais cas, on attrape un taxi, en prenant bien soin de négocier a l'avance un prix qui va de 10 à 30 gr selon la distance et l'heure du jour ou de la nuit. Savoir compter est alors absolument indispensable si on ne veut pas systematiquement sortir un bloc-notes et un stylo (et se faire arnaquer). Ayez également la monnaie, car souvent les chauffeurs ne l'ont pas et la situation peut alors devenir un peu tendue.

Quand on prend son vehicule, c'est toujours pour se retrouver en pleine heure de pointe (lois de murphy obligent) et être confronté à un traffic de malade, des chauffeurs qui ne respectent pas grand chose et qui cherchent a tout prix a passer avant le précédent. Le parc automobile est très varié: voitures soviétiques au design inexistant telles que les Lada et Volga, camions divers et souvent antiques (dont de nombreux KAMA3 en variations diverses - prononcer kamaz, l'auteur de mes romans n'avait sans doute pas pris la peine de se renseigner sur l'alphabet cyrillique), marshruts a profusion et plus de voitures de luxe et de grosse cylindrée que dans aucune autre ville jamais visitée. Les routes ne sont souvent pas séparées en pistes, on roule où on veut en dépassant par où on veut à la vitesse qui nous convient. La seule règle qui prévaut (surtout en moto!) est celle de rester en vie, et même la police est impuissante face a l'anarchie qui règne sur leur territoire. Ils arrêtent bien quelques chauffeurs, mais on ne sait jamais vraiement pour quel motif et l'ammende au montant arbitraire qu'il tenteront d'infliger a leur victime.

Le reste du temps, on se promene à pied le long des rues pavées, certaines très en pente au plus grand malheur des touristes qui sont ainsi très facilement reconaissables à leur essoufflement - sauf pour moi et tous les Lausannois "montagnards" qui se trouveront fort à l'aise bien sûr :-). Là également, les activités commerciales sur les trottoirs sont regroupées en thèmes et chaque rue à sa spécialité. La ville ne semble pas finir et ce n'est qu'après des kilomètres de banlieues aux barrières de HLM de 15 étages ou plus que l'on peut arriver à la forêt qui borde cette mégapole qui n'a rien a envier aux capitales européennes. Parlons-en des HLMs, car chercher une adresse précise parmi ces derniers est une vraie aventure ; se risquer dans un de leurs ascenseur minuscules et glauques a tendance morbide apporte son lot d'émotions et la seule alternative qui consiste à emprunter une cage d'escalier pas éclairée pour gravir 10 étages ou plus n'est pas non plus inintéressante. Assurément pas le genre d'expériences que le touriste lambda ici pour le weekend avec son package vol-hotel-discothèque est susceptible de vivre. Heureusement, car il faut savoir se méfier en permanence. Alors que de très nombreuses personnes sont prêtes à discuter avec et aider l'aventurier qui cherche son chemin, certaines n'hésitent pas a vous offrir un verre de vodka, puis deux et trois (tradition oblige), à vous complimenter sur votre facon ukrainienne de boire, vous offrir plus de coups (aux frais de plus gentils qui fêtent leur anniversaire et vous incitent à manger en même temps pour ne pas finir par terre) avant de vous retenir parfois avec force puis observer votre fuite vers de meilleurs horizons. Attention également a ceux qui profiteront de l'effort des premiers pour arriver à leurs funestes buts. Heureusement pour moi, un instinct de survie minimum et l'apparition furtive d'une improbable fille au pied d'un immeuble (un ange?) pour me rappeler au bon sens (ndlr: une autre fuite) m'ont permis de survivre sans trop de pertes dans cet environnement qui peut effectivement se révéler hostile. Si vous comptez visiter ces endroits merveilleux mais craignez pour votre intégrité, sachez simplement que de se retrouver entouré d'un groupe de 5-6 grossissant rapidement à une dizaine voire une quinzaine de jeunes désoeuvrés n'est pas bon signe et qu'il faut au plus vite les remercier de leur hosipitalite et s'en aller tranquillement sans tituber en restant prêt a courrir vite, voire très vite si nécessaire. De même, lorsque le chauffeur du marshrut s'est moqué de vous et vous a promené tout le long de son parcours pendant plus d'une heure pour vous faire manquer le dernier metro et provoquer votre arrivée a l'hôtel à presque 4h du mat, que la gardienne de ce dernier est plongée dans un profond sommeil et se trouve indisposée a vous ouvrir la porte, un peu d'imagination et un bon entraînement en forêt ne sont pas de trop pour entrer incognito par une petite fenêtre du 2eme étage restée ouverte et mesurant moins de 40cm en espérant que personne ne vous aperçoive et n'ait l'idée d'appeler la cavalerie qui arrive bien sûr toujours a l'heure (suivant les mêmes lois de murphy que précédemment, c'est bien sûr au pire moment qu'ils arrivent).
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De retour à Kiyv, dans la station de metro "Arsenalnia"
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Une station de metro parmi d'autres. J'aurais facilement pu faire un album entier rien qu'avec les stations de metro, toutes différentes et certaines grandes comme des cathédrales.
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En promenade à Kiyv pour ne pas trouver le joint de cache-soupapes de la moto. Juste à côté du magasin Honda qui venait de fermer, on a pu apercevoir la rupture d'une conduite d'eau chaude, qui plongeait tout le haut de Kreshatik et le dessus de Metrograd dans un épais brouillard.
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D'authentiques camions soviétiques. On peut d'ailleurs y voir les lettres "CCCP". Bien qu'assez âgés, ils disposent déjà d'un système central de gestion de la pression des pneus.
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Dans le centre commercial situé sous "Majdan Nesdalegnotti" (ou qqch dans le genre, j'ai toujours eu de la peine avec le nom de cette place), une boutique de bijoux et montres suisses s'appelle "Lausanne". La fille qui m'a pris en photo semblait pourtant avoir compris que je voulais le voir apparaître. Sur Kreshatik, un magasin nommé "Geneva" (en cyrillique cette fois) fermait ses portes pendant mon séjour.
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