David Lütolf - solutions
Ukraine: Route 66 pour Valaska
(2006-08-22) Retour à Bratislava le jour suivant, je perds le violon sur la
route, le récupère sans trop de dégâts, et on se rend compte qu'on a vraiment
fait un détour. On apprend aussi que le bus qu'Ivan voulait prendre est plein,
pas de bol, aucun de nous ne veut attendre plus longtemps dans la région. Il
se démerdera pour rentrer et je reprends ma route pour arriver depuis où je
vous écris, un petit restaurant dans la ville de Banská Bystrika. Comme d'hab,
je suis arrivé, j'ai demandé à manger et ai du choisir parmi des dizaines de
plats aux noms plus obscurs que les noms latins des fleurs dans une
encyclopédie, et comme d'hab je suis bien tombé. Je termine ma bière et vais
chercer un endroit pour passer la nuit, il commence à faire nuit et ça va être
de plus en plus dur...
Le matin suivant je me réveille vers 5h, sous ma bâche de tente accrochée à la
moto il ne fait pas bien chaud.. les petits bruits de la forêt ne m'ont pas
dérangé longtemps et j'ai assez bien dormi. J'étais plus préoccupé par le fait
que mon voyage ne fait en réalité que commencer ; mis à part la nuit passée à
Venise c'est la première fois que je dors seul, et dans les montagnes de la
Slovaquie c'est pas tout-à-fait pareil. Je reprends la route, et cette journée
sera déjà remplie de découvertes. Je décide de ne pas passer par l'autoroute,
même si elle traverse de part en part deux montagnes qui sont des réserves
naturelles. Petit détour par le sud, j'arrive dans un bled nommé Valaska,
suivi comme par hasard par un épais brouillard et un froid intense. Aurais-je
trouvé la Brévine de la Slovaquie? sur le chemin, j'ai l'occasion de recroiser
une de ces ambulances typiques de la région, espèces de minibus jaunes de
l'ère soviétique et munis d'un énorme gyrophare bleu sur le toit, d'observer
un employé municipal remplir la fontaine de la grande place avec un tuyeau
d'arrosage ou traverser des villages quasi désertés. La route est sympa, j'ai
bien fait de passer par là et heureusement le brouillard glacial ne dure pas
trop longtemps. Je m'arrête brièvement à Roznava pour prendre un petit déj et
faire quelques courses ; on y trouve des prix au demi-centime, de la viande à
moins de 2.- le kg. Suit Kosice, dernière grande ville de la Slovaquie et dans
laquelle j'achète un hamburger sans options (j'ai compris le truc trop tard..
on prend le hamburger, qui consiste en du pain et de la viande, puis on achète
le fromage, le ketchup, la feuille de salade ou ce qu'on veut bien avoir
dedans) et des appareils photo jetables (enfin!). La ville est très jolie,
surtout la place centrale et au centre de laquelle coule un petit "ruisseau".
Les filles sont toujours belles.. Le temps se couvre et je ne m'attarde pas.
Presque retourné en hongrie après avoir pris un détour, je me retrouve sous un
orage de fou et j'ai juste le temps de m'abriter sous ce qui reste d'un arrêt
de bus avec deux autres motards polonais. Une vieille femme du village qui
attendait sa fille prend deux gros grelons de près d'un centimètre et se les
mets dans le soutien-gorge.. coup de chaleur ou superstition? Il refait beau,
et un peu plus loin j'arrive à la frontière mythique, celle qui, je m'en
rendrais compte peu après, me ménera en Ukraine droit à travers son trou du
cul, Uzghorod pour les intimes. Double contrôle du passeport pour sortir de la
Slovaquie, ambiance militaire très tendue (il y aura même une alerte), encore
contrôle du passeport et fouille systématique des véhicules à la matraque pour
trouver des objets cachés dans les sièges et les espaces vides. La moto
chargée comme une mule, je ne fais pas le malin quand on me fait signe de me
mettre en dehors de la file. Un moment plus tard, un nouveau douanier arrive
et me demande du feu. Je m'empresse de lui en donner. Il s'en va, revient vers
moi de longues minutes plus tard, me fait un 2è tampon sur le billet
comportant l'immatriculation de la moto et me fait comprendre que c'est bon.
Vraiment? on dirait... je n'ai plus qu'à échanger le billet contre le droit de
sortir du périmètre presque une heure après y être entré. Je suis en
Ukraine.
Kosice, avant-dernier arrêt Slovaque pour acheter un hamburger (pas cher du tout, du pain avec de la viande seule, pour avoir plus il fallait demander explicitement et payer un supplément, mdr). Je me tiens dans la place centrale, bordée de rues piétones et traversée par un "ruiseau".