David Lütolf - solutions

Ukraine: Vulitza Petra Zaporoshka

(2006-09-02) Le restant de la route en direction de Kiev ne m'apporte que peu de surprises. En effet, mis a part une deviation a cause de sa refection et une autre patrouille de police qui m'arrete pour exces de vitesse (je m'en tirerai cette fois-ci sans payer), pas grand chose d'interessant de surgit. Le calme avant la tempête.. l'entre dans Kyiv se fait de ce côte par une autoroute qui se transforme en boulevard, traversant d'abord une banlieue, longeant une des universites et debouche droit sur Kreshatik, la rue principale de la ville. Il etait alors pres de 16h et, pensant avoir tout le temps necessaire, je me mis en tete de trouver l'ambassade pour annoncer ma presence dans le pays et eventuellement recolter quelques informations utiles. Premiere erreur, car cette derniere avait demenage recemment, personne ne savait exactement ou elle se trouvait et bien sur elle n'etait pas decoree d'un drapeau. Le temps d'y arriver, un ukrainien qui parlait un peu allemand me dit que c'est trop tard et toute facon samedi, donc on ne travaille pas. Il ne me restait plus qu'a etre content d'avoir trouve les lieux et chercher un hotel abordable.

Alors qu'a Lviv je savais a peu pres a quoi m'attendre, Kyiv allait m'apporter son lot de surprises supplementaires. Il ne me fallu pas long pour trouver l'Hotel Tourist, grand hotel bon marche de la ville situe sur la rive gauche (donc en banlieue), enorme tour delabree mais ou la chambre la moins cher etait tout de meme plus de 50$ la nuit. En insistant un peu, on me donne l'adresse de l'Hotel Ekos, plus enfonce encore dans un des quartiers reputes les plus dangereux de la ville. Je remercie et continue ma quete au gîte.

Rue Petra Zaporoshka, non loin de la. Alors qu'il commence de nouveau a pleuvoir (decidemment ca devient une habitude quand je cherche a me loger), j'arrive a l'hotel, situe dans une cour protegee par une haute clôture et pas du tout si pourri que ce qu'on m'avait prevenu. Le probleme du parking est deja resolu, c'est deja ca. Comme mon ukrainien est encore loin d'être au point, on appelle Tanya, niece de la gerante de 19 ans et qui commence l'universite le lundi suivant. Il y a bien une chambre a 22$ ou je dois partager la salle de bains, mais je ne peux la garder qu'une nuit ; apres, il me faudra prendre une chambre bien plus spacieuse mais tout de meme a 45$ la nuit. On verra ca. Je m'installe et demande a Tanya s'il elle accepte de me montrer un peu la ville, ce qu'elle fait en compagnie d'une de ses tantes. J'ai alors l'occasion de voir quelques monuments, le parlement ukrainien, le theâtre aux poupees, le parc sur la coline et les manifestants qui campent sur une des grande places depuis plus d'une annee en signe de protestation. Desacord avec le gouvernement, je n'arriverai pas a en savoir plus ajourd'hui. Tanya, elle, passe son temps a acheter des livres qu'elle n'ouvre souvent même pas, n'aime pas les histoires qu'elle lit mais persiste. Elle n'est pas non plus attiree par le voyage, n'a jamais quitte son pays et n'y voit aucun interrêt. Elle ne sait pas non plus pourquoi elle etudie la politologie ni ce qu'elle veut en faire par la suite, refuse de me faire part de ses rêves ou d'admettre qu'elle n'en a pas. J'essaye de lui faire comprendre les raisons qui m'ont pousse a partir, a choisir l'ukraine et non une plage ensoleillee, la faire rever.. elle aquiesse mais je ne sais pas si j'ai reussi.

Le lendemain, on me fait comprendre que je peux rester pour pas trop cher en partageant une chambre avec un autre jeune homme. Un peu soucieux tout de même, j'accepte en sachant que je peux me retracter quand je le veux. Le jeune homme en question c'est Arthur ; dans la vingtaine de jours qui vont suivre je ne vais pas reussir a savoir quel est son travail (en relation avec les trams), mais il fait de la boxe et de la lutte, laisse la tele allumee toute la nuit, se reveille a des heures pas possibles pour changer de chaine ou la rallumer. Mis a part ca, il est tres sympathique et nous partageons plusieurs fois une tasse de the, une biere ou des moments de rire devant des emissions a la con. Cette periode est faite de hauts et de bas, durants lesquels je tâcherai tant bien que mal de faire plein de choses utiles ou divertissantes. Ma visite a l'ambassade par exemple m'a montre a quel point certains diplomates peuvent être cons (desole pour eux mais je n'ai pas honte de le dire). On me fait deja comprendre que comme je n'ai pas de probleme, je n'ai pas de raison d'y entrer. L'anticipation de problemes eventuels n'en est apparemment pas une. En insistant j'arrive tout même a avoir des interlocuteurs suisses, qui me disent que l'amabassade n'est pas la pour renseigner des touristes qui prennent des risques stupides en visitant un pays dangereux et corrompu comme l'Ukraine, qu'il n'y a ici aucune regle, aucun ordre de grandeur de prix auquel je peux me fier. Ils ont trop de choses a faire pour me donner quelques renseignements simples mais ils sont tout de meme trois a etre attentifs au tare qui vient les deranger. Suisses par excellence, ils ne sont jamais sortis de la ville (voire de l'ambassade?) et j'apprendrai sur l'Ukraine en quelques jours plus qu'eux durant leur mandat. Mon conseil, n'allez pas a l'ambassade. Si vous devez vraiment y aller (autre conseil, roulez-vous dans la boue juste et avant et ayez l'air vraiment pitoyable), elle est pas loin de la statue a la grande epee, une villa jaune de style montreusien en face d'un musee ou sont parques des tanks sovietiques.

Mon arrivee a Kyiv tombe au mauvais moment, coincidant avec la rentree universitaire et une penurie de logements flagrante, une inflation dementielle des loyers. Dans les deux dernieres années, ils ont plus que double, atteignant facilement 350-400$ dollars pour un studio dans les banlieues ou largement plus de 1000$ plus pres du centre. Le salaire moyen ne depassant pas 250-300$, trouvez comment la population fait pour survivre et dans quelles conditions. Heureusement que j'ai de solides connaissances en maths et une aptitude certaine pour les rencontres innatendues. Ici, la plupart des familles sont proprietaires de leur appartement, vivent souvent a trois ou quatre dans une seule piece ; une quantite non negligeable de la population travaille dans l'un ou l'autre des nombreux bazars de la ville, dans des boutiques dont la surface ne depasse parfois pas le metre carre, a vendre des legumes, des radiateurs de salle de bains, des sacs, des chaussures, ou même de la quincaillerie de seconde main (la bassine a vis de mon pere si chere a ses yeux et tant haie de ses proches ferait ici des hommes heureux si ce n'est riches). La ville est couverte de ces bazars, la plupart du temps a theme et situes ou il y a de la place, sous les ponts, autour des terminus de tram ou de metro. On y trouve de tout: artisanat, produits de l'agriculture, pieces de rechange pour les vehicules, ordinateurs et composants, natels et pieces detachees, vetements ; marches blanc noir gris ou de toutes les couleurs, on peut s'y promener durant des heures, des jours, s'y perdre (ce sont de vrais labyrinthes), marchander pour obtenir les meilleurs prix. Les seules choses que je n'ai pu y trouver sont un logement, des armes et un faux passeport, mais encore la c'est surement faute d'avoir cherche. Bien plus civilise, le centre ville n'est pas non plus en reste. Metrograd en est un exemple, situe sous la rue principale et dont les entrees ressemblent a des passages sous voie ordinaires. Ne vous y meprenez pas, c'est enorme et rempli de centaines de petites boutiques, de vitrines, de vendeurs attendant le client, et de clients bien sûr. CQFD.
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Masha était une fille assez sympathique, qui parlait très bien l'anglais et le français mais qui avait absolument toujours raison. Elle n'aimait pas qu'on se moque d'elle, mais trasher les autres était une de ses passions.
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Masha, la fille qui me donnait des cours d'Ukrainien. Jusqu'à ce qu'elle en ait marre..
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