David Lütolf - solutions
Ukraine: Львів, capitale des jolies filles
(2006-08-27) Sur le chemin, j'ai un peu plus l'occasion de voir cette région
magnifique, mais avec laquelle je n'avais eu que peu d'interraction. Le chemin
me réserve quelques bonnes surprises ; des paysages sublimes, des colines
couvertes de forêts, des champs dans lesquels sont erigées des meules de foin
sur des trépieds en bois, sortes de fantômes immobiles protecteurs des lieux.
Des pilônes électriques aux fils innombrables longent la route, disposés de
façon presque anarchique, jamais droits, parfois affaisés et pendu aux fils
qu'ils devraient soutenir. Mais je dois rester vigilant, voilà qu'une chèvre
traverse la route défoncée juste devant moi. Plus loin, les vaches qui ne sont
pas tenues en laisse par une vieille femme feront de même. Ici, les gens
sement vivre au bord de la route, hors de leurs jardins et leurs maisons qui
bordent cette dernière. On me regarde curieusement, les enfants me saluent. Au
détour d'un virage, on peut acheter parfois des patates, le plus souvent des
champignons blancs qui poussent en abondance dans la région et plus au nord
aussi. Alors que l'euphorie me gagne gentiment, j'aperçois soudain une
barrière munie d'un signe rappelant fortement celui qu'on trouve aux
frontières, "STOP CONTROL" (en cyrillique bien sûr). A côté, deux militaires
font la garde ; je m'arrête et après examen de mon passeport et du visa
d'immigration qui l'accompagne, ils me font comprendre que je ne peux pas
continuer, car la raison du voyage est spécifiée comme "tourisme", et j'aurais
selon eux du noter ma destination (je n'ai d'ailleurs pas mis d'adresse de
résidence en Ukraine). Il y aurait de tels checkpoints pour passer entre
chaque zone du pays, et quand le militaire comprend qu'après Lviv je vais à
Kiev, puis à Kharkiv, puis à Odessa puis je ne sais où (il n'y aurait donc pas
la place pour noter toutes mes destinations sur le feuillet) et que ma notion
du tourisme est de tourner en rond dans le pays, il me laisse finalement
passer. Ouf, je croyais devoir lui proposer de l'argent pour éviter de refaire
les 200km jusqu'à Uzghorod pour modifier le visa. J'ai donc quitté les
Transcarpates. Vraiment? non... deux checkpoints plus tard, où on me posera
moins de problèmes, je crois que c'est enfin le cas. Après quelques virages
sur une route encore plus pourrie que jusqu'à maintenant, me voici sur des
hauts plateaux. Le reste ne sera qu'une longue et douce descente vers la
partie "basse" du pays, où se trouve Lviv, mon principal souci étant de
trouver de l'essence car cela fait près de 150km que je n'ai pas aperçu une
seule pompe et tomber en panne dans cette région ne serait pas pour me faire
le plus grand plaisir, même si la météo est pour l'instant ce qu'il y a de
plus idéal pour la moto: temps légèrement couvert, quelques passages mouillés
sur les routes mais sinon que du bonheur.
Arrivé à Lviv vers 18h30, je fais connaissance avec ses fameuses routes pavées
qui non contentes d'être bossues au possible (j'aurai d'ailleurs l'occasion de
voir quelques carters se fendre dessus) sont traversées par des rails de tram
tout aussi pas plats. A cet instant, je suis très content que la route ne soit
pas mouillée.. J'ai vu une fois le plan du centre de la ville, mais je ne sais
pas de quel côté je suis entré et je tourne en rond un moment pour trouver
l'opéra et la rue centrale, ce qui sera assez vite identifié vu la description
que l'on m'en a faite: un grand bâtiment (baroque?) au bout d'une longue place
bordée par des arbres et la route, des bancs sur lesquels la population
discute de tout et de rien en mangeant des glaces, des petits pains ou ce
qu'on peut acheter par là. La place (et la rue) sont envahies de monde. A
croire que toute la ville se retrouve ici l'après-midi, un instant je me
demande même si toute la zone n'est pas une rue piétonne. Je sais que pas loin
derrière l'opéra il y a l'[i]Hôtel Lviv[/i] où on peut trouver des chambres à
8$ la nuit, mais je n'arrive pas à trouver le petit hôtel miteux que je
cherche. Normal, j'aurais du chercher un monstre en ruine, autre trace de la
prestigieuse époque soviétique, doté de près de 500 chambres. Je paye deux
nuits, 6 grivnas pour le parking de la moto et je prends possession des lieux.
Il est maintenant près de 20h, le temps de prendre une douche et je vais me
promener en ville. Dimanche soir, il fait beau, de nombreux jeunes se
balladent, boivent des bières sur les bancs. Comme annoncé, les filles ici
sont très jolies, mieux qu'à Bratislava même mais il est plus difficile de
communiquer. La ville est sensée être très ouverte à l'Ouest mais je
m'apercevrai vite que très peu de gens parlent ou même comprennent une des
langues que je parle. Pas grand chose à faire, je fais un petit tour et quand
je reviens la place est presque déserte. Le lendemain je m'affaire à trouver
quelques objets qui me seront utiles pour le reste du voyage. Premièrement,
pour nourrir le geek qui est en moi, je me dois de trouver un cyber-café où je
peux connecter mon portable sur le net. Le long de la grande place on me fait
comprendre que non, mais à l'[i]Internet Club[/i] un peu plus loin cela ne
posera pas de problème. 10 grivnas pour deux heures, pas d'embrouilles et un
personnel très sympa, c'est cool. Trouver des cordes de violon pour remplacer
celle cassée au Sziget et une carte SIM ukrainiennene ne posera pas de
problèmes ; en revanche, le cirage pour ma veste sera plus difficile à
trouver. Pas un seul supermarché en vue, mais des kiosques où l'on achète des
produits de beauté et de nettoyage, sur le trottoir des vendeurs de fruits et
légumes, de brosses-à-cheveux-peignes-crayons, de pain, des musiciens de rue.
Je traverse des rues semblables aux nôtres si ce n'est pour les enseignes en
cyrillique, d'autres encore plus bossues que les précédentes et où l'on se
croirait presque en forêt tant il y a d'arbres. Je me retrouve dans des
petites cours intérieures, croise toutes sortes de voitures antiques, des
camions et bus dotés de bonbonnes de gaz sur le toit et sous le châssis, des
trams soviétiques surpassant de loin mes rêves les plus fous. Après avoir
visité l'armurerie de la ville, transformée en musée d'armes anciennes, pour
la modique somme de 35 centimes, je me retrouve sous la pluie. Pas trop grave,
le vent tombe vite et je continue ma visite sous quelques petites gouttes.
J'ai faim et je cherche un kebab ou quelque chose de similaire, mais
impossible à trouver ça par ici, le poulet grillé ne me tente que peu et j'ai
déjà eu un [i]super hot-dog[/i] le matin. Je décide de me perdre un peu plus
dans la ville, ce qui me mènera dans un grand petit marché où je trouverai
pour presque rien un chargeur (avec une LED bleue!) pour mon téléphone
inexistant dans les magasins officiel, un genre de saucisse et plus loin un
peu de pain. De retour à l'hôtel, j'essaye une heure et demie durant de
remettre du crédit sur ma carte SIM, un casse-tête durant lequel je serai aidé
par ma voisine de palier. Je n'ai pas toute de suite compris pourquoi j'avais
reçu deux cartes SIM, maintenant oui ; les opérateurs de Kyivstar ne sont
disponibles que difficilement, tantôt avec une carte, tantôt avec l'autre. Le
jour suivant, en quittant l'hôtel, je fais la rencontre de quelques motards
polonais qui rentrent de la crimée. Ils s'étonnent que je voyage seul,
s'émerveillent devant la distance que je parcours et me disent que ma moto est
plus adaptée aux routes du pays que leurs choppers. Avant de me souhaiter
bonne route, ils me conseillent l'autoroute Kiev-Odessa. Définivement, nous
n'avons pas les mêmes attentes en terme de voyage. Dernière chose à faire
avant de quitter la ville, retrouver un cordonnier chez qui j'avais demandé
sans succès du cirage, pour fixer à ma veste un logo brodé [i]YKPAIHA[/i] avec
le drapeau et le trident, symbole du pays. L'idée lui plaît tant qu'il m'offre
ce service. Sympa :-) Je peux continuer ma route.
L'viv, juste à côté de l'hôtel du même nom et derrière l'opéra, derrière lequel se trouvait la rue principale de la ville. Sur le panneau, on peut lire "I Frankivsk, Ternopil (une ville assez importante de la région), Tchop" et "Reiffeisen Bank".
En prenant la photo, je n'avais pas remarqué l'autre voiture derrière la bleue et qui est également dans un état marrant. Sur le commerce derrière il est écrit "Salon Kracy Paris". Un salon de beauté :-)
J'aime beaucoup cette photo. Les balcons, l'ensigne à droite, le camion à gaz et le tram sur ses rails défoncés, la route pavée qui se morcelle, les couleurs (pas retouchées)
Cette photo est aussi extraordinaire. Ruelle en pente de L'viv (en meilleur état que la moyenne), gardée par un arbre-dragon. La petite vieille est d'origine. Parmi les voitures parquées en haut, il y en a une abandonnée qui sert de place de jeux aux enfants.
Encore à L'viv, une cour intérieure. Cette photo contient une foule d'éléments représentatifs et qui sont très durs à trouver tous ensembles.
La rue principale de L'viv, devant l'opéra. Ici les vieux se rencontrent pour jouer aux échecs (et picoler), les jeunes pour picoler et flirter ou encore faire du skate et du VTT. Quand je suis arrivé dans la ville, la rue entière était fermée à la circulation, comme à Kiev.