David Lütolf - solutions

Ukraine: Valais, Italie, Croatie

Au matin du 2ème jour de festival, je peux enfin ecrire quelques lignes ; je me suis procuré récemment de l'électricité sur un lampadaire à côté de la tente, mais il faut pour cele attendre le soir ou le petit matin, en espérant que le mec qui éteint les lumières s'est pris une bonne cuite le soir avant.

Tout à commencé il y a quelques temps, lorsque je me suis dit que j'avais un grand besoin de vacances (pour ceux qui sont au courant, c'était peu avant que je me fasse presque virer de chez Bobst) - et pour moi des vacances ça signifie de ne pas savoir où je suis, où je vais, ce que j'y fais et pourquoi. Conception un peu abstraite vous me direz, très éloignée des voyages organisés et du club med, mais il en faut peu pour être heureux... je me suis donc mis en tête de partir en Europe de l'est, selon moi l'endroit le plus proche et le plus éloigné à la fois de ce qu'on à l'habitude de voir ou de vivre. Après avoir monté deux caisses et un pare-buffle maisons sur une moto, je suis parti (vous imaginez pas le bordel dans cette tente, je trouve rien) donc comme je disais je suis parti à l'arrache, avec pas mal de retard en direction du valais où ma p'tite soeur adorée et ma mère passent quelques jours dans un coin paumé au possible mais fort joli. Après un p'tit blanc du coin, on a pris des photos du village, rigolé un coup, je suis content d'avoir pu lui dire au revoir au début je craignais de pas pouvoir. Le lendemain (jeudi 3 août donc, pour ceux que ça n'intéresse pas) je me suis remis en route en espérant arriver sur la côte croate. Mes espoirs furent vains, car comme vous le verrez plus tard, je n'y suis pas arrivé. La route était longue, jolie au début, mais traverser l'italie en moto c'est pas la joie. Ah oui, j'oubliais presque d'adopter le ton qu'il fallait pour ce voyage, qui n'est pas anodin et va marquer ma vie (j'anticipe un peu, mais sans prendre de risques..)

Je suis parti, sans savoir quand je reviendrai, pour une quète qui va durer près de deux mois (à priori). Je ne sais pas vraiment ce que je cherche - moi-même, les autres, la liberté peut-être.. au moins je suis sûr de trouver quelque chose. C'est marrant comme parfois les choses semblent tomber en place toutes seules ; ça commence par des objets qui nous tombent du ciel: un sac juste optimal sorti par ma nièce de 2 ans, une montre à moitié pétée (et qui ne marche pas faute de pile), deux couteaux suisses dans la dernière station-service du pays, et ça continue avec une clé de topcase (la seule) qui se casse dans la serrure et dont je retrouve le bout toujours coincé dedans après plus de 150 km d'autoroute. Vulgaire autoroute à priori, mais qui se révèlera mythique à biens des égards. Lassé de rouler et de me perdre sur les petites routes (la croatie c'est encore loin), j'apprends vite qu'en Italie on roule comme des sauvages, les 3-4 pistes après Milan vont toutes dans la même direction et c'est là seule chose à savoir. Après quelques pleins et un bouteille d'huile pour dérouiller les jointures de ma monture, je n'ai plus un seul euro en poche à part quelques misérables centimes qui ne me permettront sans doute pas de payer la trentaire d'euros du péage. Que faire? Plein de ressources (et doté d'un caisse à outils minimale mais qui se révèlera très utile à bien des égards), c'est environ 10 km avant Venise que je sors de l'autoroute, phares éteints et en profitant d'un endroit où la glissière est interrompue pour emprunter un chemin de service et d'évacuation des véhicules en panne. A priori ça ne me mène pas plus loin ni mieux que l'autoroute, mais à fortiori je m'aperçois que la chance est de mon côté et l'aventurier trouve très vite un chemin jadis utilisé par les ouvriers mais désormais désaffecté (et obstrué par quelques buissons et une cloture qui sera vite ouverte à l'aide de ma pince magique offerte par la coop il y a très longtemps de cela). De retour sur la route avec mon fidèle destrier que je commance à vraiment apprécier, je me retrouve soudain à Venise. Jolie ville vous me direz, mais j'y suis déjà allé et c'est pas là que je vais pouvoir trouver du repos. Je repars donc pour une plage pas anonyme mais dont j'ai oublié le nom (Jesova peut-être?) où je m'allonge pour piquer un roupillon aux environs de minuit. Peu avant 3 heures du mat je suis réveillé par une petite pluie (j'ai décidé à la dernière minute de ne pas prendre de tente) et je reprends la route - quitte à être mouillé autant faire du chemin. Au boutd'un temps indéterminé mais qui se révèlera être une bonne heure et demie, je décide de reprendre l'autoroute mais arrivé à une station service un orage qui menaçait depuis longtemps me tombe sur le coin de la gueule, boum paf les lumières qui partent en couille et beaucoup trop d'eau qui tombe d'en haut je décide de laisser mon cheval sous un couvert et de piquer un roupillon su une chaise du resto. Après avoir étonnament bien dormi, je repars au petit jour. Un peu moins de 4 euros pour le péage Milan-Trieste ça le fait, je vous défie de faire mieux :-)

Nous sommes le 4 août 2006. J'arrive enfin en Slovenie. C'est un beau pays où il pleut beaucoup et où la fille du péage est jolie (allez-y vous verrez), mais dans lequel je ne vais malheureusement pas m'attarder. Enfin en croatie aux environs de 10h30, évidemment celui que je dois retrouver et qui me servira d'abord de guide puis de compagnon durant quelques jours est en train de dormir (ça fait à peine une heure qu'il est au lit). Mouillé comme une éponge, j'égoutte, j'attends et le retrouve vers midi. Les 3 nuits qui vont suivre seront une petite pause dans ma quète, un niveau caché où on se marre, on boit et on fait pas grand chose d'autre. Ah si, durant ce temps j'essaye de faire un double maison de ma clé cassée avec une pâte durcissante trouvée dans ma caisse à outils, mais pas moyen ce truc ne devient pas assez dur.. heureusement, quelques services rendus et allers-retours plus tard, je trouve une artisane sérrurière qui me fait deux copies de ma clé. Ouf. J'ai reçu à manger d'une grand-mère adorable pour avoir porté son linge et son aspirateur dans les escaliers, une boussole de la part d'un grand-père trouvé une pile pour ma montre, gagné 100 kuna (env 20.- sur un total de 120.-) en payant la vieille greluche qui m'avait loué une chambre et me coupait l'eau chaude entre 11h et 8h, trouvé des nouveaux amis, profité de la mer et voilà (ça commence à faire long, posé à même le sol avec ce vieil ordi pourri mais qui fait parfaitement son usage). Bref. Lundi midi, après avoir pu enfin ouvrir mon top-case (il y avait le 2è casque dedans, entre autres) on se met en route, moi aux rênes et Milka derrière. La traversée de la Croatie était juste top. Pas de pluie (sauf le matin, j'ai eu peur un moment), pas trop chaud ni trop froid, de très belles routes dans les montagnes, il a juste commencé à faire bien humide à tendance mouillée quand on est arrivé dans la capitale de la croatie et où on a passé la nuit au Paris Hilton Hotel Zagreb, dans une suite (de plein pied et avec jardin s'il vous plaît) dont vous me direz des nouvelles quand vous verrez la vidéo avec un peu de chance. On rigole, on chasse le démon qui habite le lieu, on dort, on se réveille et on repart, et on arrive en Hongrie. Il n'y a pas grand chose à dire sur la traversée jusqu'à Budapest, si ce n'est que c'est long et droit. Tout droit même, 250 kils avec presque aucun virage, sur la routes nationale 7. Encore une dernière épreuve, traverser la ville pour arriver sur l'île, tâche longue et difficile avec un traffic de fou, des hongrois qui sont les pires conducteurs que j'aie jamais eu la chance de rencontrer, des indications contradictoires et très dures à obtenir. Mais on y est.
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>> Sous le lampadaire bleu après les toilettes, Zone Bleue, Obudaì Sziget, Budapest, Hongrie. | Ukraine